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Scène III


PIERRE, VALENTIN.


VALENTIN, en manches de chemise, sortant du travail.

Eh bien, mon Pierre, tu ne viens pas voir où nous en sommes !

PIERRE.

Non, puisque vous n’avez pas besoin de moi… et que je ne peux pas être seul avec toi…

VALENTIN.

Tu aimes mieux être, seul avec toi-même ? C’est bien, si tu es raisonnable !… Voyons, Pierre ! tu as aussi ta sœur à consoler. Mais croyez-vous bien tous les deux que ton futur beau-frère… ? Ça me parait impossible, à moi !

PIERRE.

Elle n’a pourtant pas dit non ?

VALENTIN.

Elle avait l’air de ne pas comprendre ce que vous lui imputiez, et, ensuite, elle s’est sauvée en pleurant. (Avec un peu d’inquiétude.) Est-ce que tu l’as vue depuis ce matin ?

PIERRE, l’observant.

Non ! Et toi ?

VALENTIN.

Moi ? Pas davantage ; mais je crois qu’elle n’a pas d’autre amour en tête que la danse et les amusements de son âge. Ils sont bien innocents !

Il taille sa cheville sur une souche.
PIERRE.

La danse, un plaisir innocent ? quand on se prend les mains, quand on se parle à voix basse !…

VALENTIN, avec candeur.

Non ! puisqu’elle ne danse jamais qu’avec moi ?

PIERRE, allant s’asseoir sur un tronc d’arbre, près de Valentin, à droite.

C’est vrai, tu m’y fais penser !