Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/53

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ANTOINE, troublé.

Vous savez, vous savez… Qu’est-ce que vous savez ? Il n’y a rien à savoir, que diable ! Il n’y a rien, rien !…

VANDERKE.

Il y a que Fulgence est jaloux. N’est-ce rien, cela ?

ANTOINE.

Il vous a dit qu’il était jaloux ? Il ne sait ce qu’il dit ! Il ne peut pas être jaloux ! Et de qui le serait-il ? qu’est-ce qu’il a dit ?

VANDERKE.

Il n’a rien dit, mais j’ai compris ; j’aurais dû comprendre plus tôt, deviner, prévoir. Tu aurais dû prévoir et deviner aussi, toi ! Antoine, tu m’aimes trop !

ANTOINE.

Comment ? comment cela ?

VANDERKE.

Oui, plutôt que d’éclairer ma conscience, tu me laisserais devenir ingrat envers toi !

ANTOINE, chagrin.

Je ne vous entends pas, mais je vois que vous me grondez parce que je vous aime plus que tout au monde, et ce n’est pas bien de votre part.

VANDERKE.

Tu ne dois pas m’aimer plus que ta fille ; tu as envers elle des devoirs plus sacrés qu’envers moi ; tu dois compte à Dieu de ses vertus et de son bonheur, beaucoup plus que de mes intérêts et de mon repos.

ANTOINE.

Mais enfin, me direz-vous ?…

VANDERKE.

Je ne te dirai rien, puisque tu as des secrets pour moi ! je parlerai à…

ANTOINE.

À ma fille ? Oh ! non pas ! je vous en prie ! Pas un mot qui puisse faire croire à Victorine que vous ou moi pouvons nous occuper de cela.