Scène IV
J’en suis désolé, monsieur le chevalier ; mais nous avons passé ici la nuit entière, et il me paraît trop certain que ni la ferme ni les ruines ne servent d’asile à aucune personne suspecte. D’ailleurs, il m’est impossible de croire à l’existence de M. Jean de Mauprat, et je pense que vous-même…
Je n’ai rien à vous dire là-dessus, sinon que, le jour où l’on découvrirait que cet homme est vivant, mon âme et ma conscience, à moi, me crieraient que c’est lui qui a voulu tuer ma fille et rendre mon neveu responsable de son crime… Monsieur de la Marche, ne traitez pas légèrement les lugubres souvenirs qui m’assiègent ! nous ne sommes pas une famille ordinaire ; nos crimes et nos malheurs sont la légende du pays.
Croire que l’un des maîtres de ce château a échappé au désastre, qu’il a pu fuir, et qu’il ose reparaître après cinq années, je le répète, c’est impossible !
Moi, je dis, je jure que, aussi vrai que voilà le ciel, Jean de Mauprat est à la Roche-Mauprat.
Pour l’affirmer, il faudrait d’autres preuves que des hallucinations.
Oh ! je ne suis pas halluciné, moi : quand je vous dis… Tenez, vous le savez, ni Marcasse ni moi n’avons quitté ces