Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/146

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FLAMINIO.

Oh ! parfois, je le sais, les flambeaux pâlissent, la fête s’éloigne, les portes se ferment, les houris remontent aux cieux. La nuit se fait, la vision s’efface… Le pèlerin s’égare sur des chemins dévastés. C’est la réalité qui nous saisit au sein de l’ivresse. Mais qu’un souffle de printemps passe sur la terre, qu’un rayon de poésie pénètre dans l’âme, le phénix renaît de sa cendre. Les sons de fête reviennent frissonner dans le feuillage. Le voyageur secoue ses pieds poudreux, l’ange sent repousser ses ailes. Il se ranime, il respire, il vit, il aime ! (Bas, à Gérard.) Hé ! comment trouvez-vous la métaphore ? Pour un homme un peu gris, ça n’est pas mal.

GÉRARD, suivant Sarah qui s’est levée, bas, à Flaminio.

Vous extravaguez, mon cher, et vous manquez de tenue.

FLAMINIO, suivant.

Vous trouvez ? (Il offre son bras à Sarah en passant entre elle et Gérard.) Je suis certain que milady comprend les émotions d’une vie comme la mienne, entremêlée de douces illusions et d’arides labeurs ! (Bas, à Gérard.) Vous voulez que je plaise et vous me glacez. Éloignez-vous donc un peu.

GÉRARD, à part.

Ma foi, je suis curieux de voir…

Il s’approche de Barbara et l’occupe en ayant l’œil sur Flaminio.
FLAMINIO, bas, à Rita qui le tire par son habit.

Fais attention, toi. Ils vont passer.

RITA.

Joseph est là.

FLAMINIO fait un geste d’impatience, Rita s’éloigne vivement et va regarder au fond. À Sarah.

Daignez m’écouter, signora ! Voici un moment qui ne reviendra probablement jamais dans ma vie. J’en veux profiter pour vous parler sérieusement d’amour !

SARAH.

Vous voulez dire de l’amour ou sur l’amour ? Vous étiez en train de disserter… mais vous venez de faire une faute de français.