Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/201

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RITA.

Et moi aussi, j’en étais sûre, qu’il me trompait pour vous.

FLAMINIO.

Te tromper, toi ? Ah ! par exemple…

Il remonte.
RITA.

Ne mens pas ! tu as dit là-bas : « Reste, je reviendrai ! » tu as dit ici : « Va ! je cours te rejoindre. » Et tu es là, avec elle ! — Bien, bien, madame ! oh ! vous avez beau vous cacher la figure, je vous reconnais bien ! (Ramassant son tambour de basque.) Et ça, que vous avez cassé par colère ! je comprends, allez ! Voilà une grande dame, qui vient dans mon chalet manger mon miel et m’enlever mon bonheur ! Elle n’est pas contente de me garder mon fiancé, elle trouve honnête de m’insulter comme ça !

Elle regarde son tambourin avec consternation.
FLAMINIO.

Elle est folle ! écoutez…

SARAH, qui a jeté sa bourse avec mépris aux pieds de Rita.

Non ! rien ! jamais ! j’ai été insultée chez vous… cela devait être ! vous vous prétendiez libre, vous ne l’étiez pas… Et moi !… moi, j’avais oublié… j’étais folle ! voilà votre fiancée !

FLAMINIO.

Elle, ma fiancée ?…

SARAH.

Oh ! celle-là, ou une autre… qui, tout à l’heure, viendra peut-être aussi vous réclamer à son tour. Une si agréable existence dans le passé devait créer de pareils embarras dans le présent. Oh ! ciel ! que serait l’avenir ?… Mais cela vous regarde, et j’espère que vous ne comptez pas me voir descendre dans l’arène avec…

FLAMINIO.

C’est trop, milady, c’est trop ! Songez…

SARAH.

Songez vous-même à réparer vos torts envers cette jeune