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MAÎTRE FAVILLA


DRAME EN TROIS ACTES


Odéon. — 13 septembre 1835



À M. ROUVIÈRE


C’est à vous, monsieur, que je dédie l’ouvrage dramatique dont vous avez bien voulu vous faire l’interprète principal. C’est à vous que je dois l’accueil chaleureux et sympathique que le public a bien voulu faire à un personnage tout idéal en apparence, et très-réel selon moi, surtout depuis que j’ai l’honneur de vous connaître. J’avais senti ce personnage vivre dans mon cœur et dans ma pensée ; je l’avais fait simple et bon, vous l’avez fait grand et poétique ; vous lui avez prêté des accents d’un lyrisme puissant et d’une suavité exquise, une physionomie que les poètes et les peintres ont comparée avec raison aux types saisissants et touchants des plus belles légendes d’Hoffmann, enfin un enthousiasme sorti du cœur encore plus que de l’art, qui se communique comme une flamme à toutes les âmes élevées.

Trois des plus grands artistes de notre temps, MM. Frederick Lemaître, Bocage et Bouffé, ont eu ce rôle dans les mains. Des circonstances indépendantes de leur volonté et de la mienne les ont empêchés de le remplir. Après eux, j’eusse désespéré de trouver un type assez puissant et assez original pour rendre éclatant le type si simplement indiqué par moi, si je ne vous eusse vu jouer Hamlet. Je me dis, ce jour-là, tout naïvement, que qui peut le plus peut le moins, et que comprendre et traduire ainsi Shahspeare, c’est avoir en soi le feu sacré qui donne la vie à toutes choses, aux humbles