Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/275

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JULIETTE, à ses pieds.

Tu sembles mécontente de moi !

MARIANNE.

Es-tu mécontente de toi-même ?

JULIETTE.

Oui, bien mécontente, parce que je vous cache quelque chose ; et cependant, Dieu m’est témoin que c’est la crainte de vous inquiéter… vous, déjà si tourmentée… qui me fait hésiter à vous dire…

MARIANNE.

Ce que je sais déjà… Quelqu’un t’a écrit.

JULIETTE.

Ah ! vous le saviez ?… M. Herman…

MARIANNE, la relevant.

Je sais que M. Herman est riche, et qu’il n’épousera pas Juliette, parce qu’elle est pauvre.

JULIETTE.

Cependant, il croit… Lis sa lettre, maman.

MARIANNE.

Quelle qu’elle soit, elle est coupable, puisqu’elle t’a été remise à mon insu.

JULIETTE.

Remise ? Oh ! je ne l’aurais pas reçue ! Je l’ai trouvée dans mon voile, que j’avais laissé au jardin.

MARIANNE.

C’est d’autant plus mal de la part de ce jeune homme… de vouloir surprendre ainsi ta bonne foi ! Je l’estimais, pourtant ; ton frère l’aimait…

JULIETTE.

Et mon père ! mon père l’aime de tout son cœur !

MARIANNE.

Et, pour nous remercier de notre confiance, il nous trahit ! il cherche à faire entrer chez nous la honte et le désespoir ! Et toi, pauvre fille innocente, comment as-tu pu mériter un pareil outrage ? toi qui n’es ni coquette, ni vaine ; toi qui es