Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/288

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et, chaque jour depuis, je me suis dit : « Voilà celui que la loi désignait pour succéder à mon ami ; le ciel l’en a rendu digne. S’il est agréé de ma fille, de ma femme… »

ANSELME.

Mon père, la voici ; consultez-la, au moins.

Il court à sa mère, qui entre, et Juliette aussi.




Scène XIV


Les Mêmes, MARIANNE, FRANTZ.


FAVILLA, pendant qu’Anselme dit à sa mère quelques mots à voix basse.

Je n’ai pas besoin de la consulter : son cœur et le mien, c’est un seul et même cœur, aujourd’hui comme toujours !… Viens, ma chère Marianne ! viens bénir un doux projet, un bel avenir.

KELLER, bas, à Marianne.

Patientez, patientez un peu ! moi, je n’ai rien dit : l’avenir…

MARIANNE, bas, à sa fille qui a couru vers elle aussi.

Juliette, vous ne comprenez donc pas que M. Keller vous dédaigne et nous raille ?

FAVILLA, à Juliette, qui s’est précipitée dans les bras de sa mère.

Allons ! oui, ouvre ton cœur à ta mère, mon enfant. (À Anselme.) Laissons-les s’expliquer ensemble.

Il lui parle bas, avec vivacité, ainsi qu’à Frantz, au fond.
MARIANNE, à Juliette, de manière à être entendue de Keller et d’Herman.

Bien, ma fille ! je vois ce qui se passe. M. Herman a parlé, malgré moi, malgré son père ! et vous subissez cette humiliation malgré vous ! Eh bien, subissons-la ensemble ! demain, nous ne serons plus ici !

KELLER.

Bah ! bah !