Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/329

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LUCIE.

Ce n’était pas ma place, Daniel, ce n’était pas non plus celle de ma mère ! Aujourd’hui, tout rentre dans l’ordre ; fille d’une servante, je suis servante aussi, et c’est avec plaisir, je vous jure !

DANIEL.

Vous, élevée comme une demoiselle, pourquoi avec plaisir ?

LUCIE.

Parce que, moi, j’aime mon maître ! Oh ! oui, Daniel, je l’aime de toute mon âme !

DANIEL.

Pourtant il ne vous traite pas comme… comme il le devrait ! et ça m’empêche de m’intéresser à lui.

LUCIE.

Il ne veut pas que je sois sa sœur. Eh bien, il a raison. Je ne comprenais rien à ma position, moi ! J’aimais Adrien avant de le connaître, et vous savez avec quelle impatience je l’attendais ! Oh ! oui, j’accourais à lui tantôt pour me jeter dans ses bras, cela me semblait tout naturel. Malheureuse que je suis ! Il a parlé… j’ai entendu, j’ai compris ! Et, à présent, je le trouve encore mille fois trop bon de me souffrir près de lui ! moi qui, sans le vouloir, lui ai fait tant de mal !

ADRIEN, frissonnant, à Stéphens.

Est-ce que vous trouvez qu’il fait chaud ici ?

STÉPHENS.

Moi, je brûle !

LUCIE, à Daniel.

Il fait grand froid. Daniel, allumez donc le feu !

DANIEL.

Le feu ! le feu !… Il n’y a pas de bois dans la cheminée… ni dans le bûcher !

LUCIE.

Vraiment ? Eh bien, attendez, je saurai en trouver.

Elle sort par la porte vitrée. Stéphens se lève et la suit jusqu’à la porte.
STÉPHENS.

Où va-t-elle donc ?