Non ! Il me fait du bien, au contraire. Je suis de ces gens nerveux qui ont besoin de se fâcher de temps en temps ; tu ne m’en as jamais donné l’occasion, toi… et je ne peux pas t’en faire un reproche ! Mais, lui, il me rajeunit avec ses bourrasques ! J’étais comme ça à son âge !… Je suis resté un peu fougueux, à ce qu’on dit. Eh bien, qu’il ne soit meilleur ni pire que moi, et il ne sera pas encore trop haïssable. (À Bernard, lui prenant le bras.) M’écoutes-tu capitaine Tempête ?
Oui, mon oncle ! mais… puisque c’est de moi que vous allez parler, je demande en quoi cela peut intéresser monsieur.
Comment donc, cher monsieur Bernard ! vous doutez de l’intérêt que je vous porte ?
Laisserez-vous enfin parler mon père ?
C’est ça ! gronde-le, toi. (À M. de la Marche naïvement.) Elle seule a de l’empire sur lui… J’ai donc à vous dire… (S’asseyant à gauche sur le banc.) Oui, il est temps de le dire sans sourciller, que la race des Mauprat Coupe-Jarret est éteinte.
Que dites-vous là, mon oncle ? suis-je mort ?
Ton père ne fut jamais de leur bande, et toi…
Eh bien, moi, puisque vous parlez de ces choses-là devant le lieutenant général, il est temps de dire… sans sourciller, en effet, que j’ai fait aussi, moi, le métier de franc seigneur.
Chut, monsieur Bernard ! On ne vous demande pas cela !
Mais il me plaît de vous le dire.
Tu ne sais ce que tu dis. Tu as vécu parmi eux, sans avoir