J’en serais flatté !
Il n’y a pas de quoi !
Allons, Bernard ! taisez-vous donc.
Pourquoi me taire ? Déserterai-je le culte de la philosophie ? Mentirai-je à mes principes, à ma conscience ? Renierai-je l’éducation que j’ai su acquérir, et les trésors où j’ai puisé la lumière de l’esprit ? Me laisserai-je imposer les sots préjugés que mon siècle repousse ? Non ! je suis, je veux être l’homme de mon temps, et je combattrai l’absurde, fût-ce contre mon propre père ! Une erreur est toujours une erreur, et c’est un pauvre argument que celui-ci : « J’ai raison, parce que j’ai des cheveux blancs ! » Le chevalier frappe avec bruit sa tabatière et paraît hors de lui.
Pardonnez-lui ! il ne fait que de commencer à raisonner…
Permettez, monsieur Aubert, j’ai coutume de prendre mes leçons, à mes heures, avec une déférence et une attention dont je ne pense pas que vous ayez désormais à vous plaindre.
Loin de là, je reconnais…
Eh bien, reconnaissez aussi qu’en dehors de ces heures-là, je m’appartiens, et que ma vie ne saurait être une leçon perpétuelle, (M. Aubert fait une inclination froide et se détourne.) Allons ! ne puis-je me défendre sans blesser votre susceptibilité ?
Susceptible, lui ?… Non !
Hein ? Qu’est-ce qu’il fait donc là, l’homme aux belettes ?