Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/80

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LE CHEVALIER.

Il est de ma compagnie apparemment. (Interrompant Bernard, qui veut répondre.) Taisez-vous ! j’ai assez de vos sottises !

BERNARD, à Edmée, qui paraît brisée.

Vous aussi, certainement, vous me donnez tort ?

EDMÉE.

On a toujours tort quand on blesse ceux qu’on aime !

LE CHEVALIER, se levant.

Ah ! il ne comprend pas cela, lui ! la tendresse, le respect filial !… fi donc ! c’est passé de mode ! (À Edmée.) Ces discussions éternelles me fatiguent. (À Bernard, qui veut répondre.) Tenez, voilà un paysan qui vient vous parler. Ah ! ne donnons pas le spectacle de nos querelles !

MARCASSE, à part, regardant Bernard.

Hélas ! oui, bien changé !




Scène III


Les Mêmes, TOURNY, venant du dehors ; il tient une lettre.


LE CHEVALIER.

Ah ! c’est toi, monsieur le métayer ? Je te croyais parti ?

TOURNY.

J’étais en route, not’ maître ! mais j’ai rencontré… (À M. Aubert.) C’est une lettre pour vous, monsieur Aubert. (Il s’approche de lui, et lui dit tout bas.) De qui elle est… vous le verrez bien ; on m’a défendu de la donner à d’autres que vous, et on attend.

M. AUBERT, qui a vivement parcouru la lettre.

Oui, oui !… Merci, mon ami. J’y vais.

Il sort par la grille.
TOURNY, au chevalier.

Et puis ça me fait penser… puisque je revenais… C’est une chose que je n’ai point osé vous demander à ce matin,