Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/87

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EDMÉE.

Non, non ! je repousse ce sacrifice impie ! Vous voir subir une pareille torture, laisser avilir votre dignité paternelle, vous faire désirer la mort !… Non, mille fois non ! Je haïrais Bernard le jour où je vous verrais brisé et dominé par lui !

LE CHEVALIER.

Mais, sans lui, tu vivrais triste et malheureuse… Ah ! que tout cela me fait de mal ! (Il veut se lever et retombe.) Je n’en peux plus, monsieur Aubert !

EDMÉE.

Qu’est-ce donc ? Vous pâlissez !

LE CHEVALIER.

Non ! je suis bien… (Il se lève.) Mon parti est pris !

M. AUBERT.

Monsieur, ce combat use vos forces, il faut qu’il cesse, Edmée s’en chargera.

EDMÉE.

Oui, merci, mon ami ! Je vous suis, mon père ! Le chevalier s’éloigne avec M. Aubert, pendant que M. de la Marche sort de la maison de Patience.




Scène VI


M. DE LA MARCHE, EDMÉE.


M. DE LA MARCHE.

Enfin, j’ai donc le bonheur…

EDMÉE.

Il s’agit, monsieur, de l’honneur de ma famille, j’ai voulu vous parler moi-même ; je sais tout ce que vous avez fait pour nous, mon père en sera reconnaissant ; mais…

M. DE LA MARCHE.

Edmée, ne faites pas d’objections, n’hésitez pas… Moi aussi, je savais déjà tout ce que l’attitude fâcheuse et ridicule de M. Bernard m’avait fait depuis longtemps pressentir.