Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/12

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chez sa femme, un éblouissement plus naïf et une ostentation pleine de bonhomie et de gaieté. Mademoiselle Delaporte est une ingénue délicieuse qui fait grand honneur à un grand maître, M. Samson. Enfin madame Mélanie, fidèlement vraie et consciencieuse dans les moindres détails, a sa part méritée dans le succès de la pièce et dans la gratitude de l’auteur.

Si je dois de vifs remercîments aux artistes du Gymnase, je n’oublie pas que j’en dois aussi à ceux du Théâtre-Français, qui avaient commencé l’étude de cette pièce. Des circonstances particulières m’ont amenée à la changer de scène ; mais j’avais eu le temps d’apprécier la physionomie remarquable que chacun d’eux commençait à donner aux personnages principaux.

C’est encore un agréable devoir à remplir que de signaler l’heureuse mise en scène et le merveilleux ensemble que le théâtre du Gymnase reçoit de son habile directeur, M. Montigny ; il est impossible d’apporter à la représentation des pièces plus de goût et de vérité. Ce n’est pas là un remercîment purement personnel. On doit une reconnaissance réelle, que l’on soit artiste ou spectateur, à l’homme qui pousse l’art et la science du théâtre dans une telle voie de progrès, et qui donne à la scène l’aspect de la vie réelle, opulente ou mesquine, élégante ou comique. Le public ne s’y trompe pas, et, lorsqu’il applaudit un décor, ce n’est pas seulement la dépense qu’il approuve, la libéralité, du directeur qu’il récompense : c’est le tact qui préside à l’arrangement du tableau placé sous ses yeux qu’il apprécie ; c’est l’harmonie de ces demeures ouvertes à l’intimité ou au luxe avec les caractères ou les scènes auxquels elles servent de cadre. Sous ce rapport, l’esprit, l’œil et la volonté qui choisissent et dirigent, font œuvre d’art, il faut le reconnaître.

Quant à la pièce, l’auteur y a cherché l’étude d’un travers assez répandu dans notre monde d’aujourd’hui. Ce monde-là manque plutôt de grandes qualités qu’il n’abonde en grands travers. Le châtiment de son dédain pour l’idéal est d’aspirer malgré lui à ces vrais biens qu’il laisse échapper. Cet idéal,