Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/164

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le critiquer pour l’obliger à parler davantage ; car, au fond de ses récriminations contre le genre humain, je vois toujours briller l’amour du vrai et la haine du mal, comme les claires étoiles derrière les nuages sombres. (On lui apporte le pain ; il prend la corbeille.) Mais venez, chers compagnons affamés, venez recevoir le pain. Je veux, jusqu’à mon dernier jour, garder la coutume de vous l’offrir moi-même. (À ses gens.) Bons serviteurs, distribuez-nous dans la vaisselle de bois, ouvrage de vos mains industrieuses, les viandes saignantes ou salées, selon le gré de chacun. (Audrey paraît au premier plan, à gauche.) Laissez approcher la bonne Audrey.




Scène II


Les Mêmes, AUDREY, puis TOUCHARD.


LE DUC.

Eh bien, Audrey, tu nous apportes le lait de tes brebis et les fruits de ton verger ? Sois toujours la bienvenue, ma pauvre enfant ! (À Amiens, pendant qu’on se groupe chacun à sa guise pour manger.) Ma fille est à peu près de son âge ; mais combien je me la représente plus grande et plus belle !

AUDREY, qui est remontée, voyant entrer Touchard, effrayée.

Ah ! mon Dieu, qu’est-ce que c’est que cet homme-là ?

TOUCHARD.

Un joli homme bien fatigué, ma belle enfant ! (Cherchant des yeux.) Ah çà ! où est ce pauvre duc ? Montrez-le-moi !

AUDREY, inquiète.

Qu’est-ce que vous lui voulez ?

TOUCHARD.

Qu’est-ce que ça vous fait ? J’ai à lui parler !

AUDREY.

Alors, le voilà.

AMIENS. Le duc, avec le groupe principal, s’est installé sur la droite.

Monseigneur, voici un animal plus curieux à rencontrer