Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/171

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ROLAND.

Tu ne commenceras pas !

Amiens se lève et se met en défense.
AMIENS.

Est-ce un second fou ?

JACQUES, aux autres seigneurs qui veulent repousser Roland.

Laissez ! je connais ce fauconneau !

ROSALINDE, à son père, qui s’est levé avec elle et qui s approche vivement.

Et moi aussi, je le connais !

LE DUC, faisant signe à ses amis.

Laissez-moi lui parler ! (À Roland.) Est-ce l’orgueil, jeune homme, ou le besoin, qui te donne cette audace ?

ROLAND.

C’est la faim ! (À Amiens.) Laissez cela, vous dis-je, ou vous mourrez, je le jure !

AMIENS, riant.

Faut-il absolument que je meure ?

LE DUC, à Roland.

Êtes-vous dénué de savoir-vivre au point d’ignorer comment on parle à des hommes civilisés ? Que prétendez-vous ? Vous obtiendriez par la douceur ce que nous refusons à la violence.

ROLAND.

Donnez-moi à manger… (pleurant et montrant Adam) pour ce pauvre vieux qui va mourir si l’on me refuse !

LE DUC, à ses gens, montrant Adam.

Portez-lui de prompts secours ! (Rosalinde, Audrey, Touchard et autres courent relever Adam et l’assistent. — À Roland.) Et vous, asseyez-vous ; vous êtes le bienvenu parmi nous.

ROLAND.

Quoi ! vous me parlez avec cette bonté ? J’ai cru qu’ici tout était sauvage, et j’ai été sauvage moi-même ; mais, qui que vous soyez, si vous avez connu des jours meilleurs, si vous avez habité des lieux où le son de la cloche appelle les hommes à la prière, s’il vous est arrivé de vous asseoir à la