Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/179

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JACQUES, ramassant machinalement les violettes.

Rien qui vaille : les rêves sont une divagation ; et pourtant vous n’étiez pas plus folle en songe que dans la réalité. (Célia fait la révérence.) Mais où allez-vous ainsi, toute seule ? Est-ce pour cueillir et gâter ces pauvres violettes, que vous vous exposez… ? N’avez-vous point, rencontré votre cousine ?

CÉLIA.

Non ! j’aurai pris un autre chemin. Ne la voyant pas revenir, je me suis inquiétée, impatientée un peu… Savez-vous si son père consent à me recevoir ?

JACQUES.

J’en doute… et, après tout, je l’ignore !

CÉLIA.

Et, après tout, cela vous est indifférent !

Elle s’assied sur une pierre à droite.
JACQUES.

Eh bien, vous vous établissez là, quand Rosalinde…

CÉLIA.

Je suis fatiguée.

JACQUES, se levant.

Alors, je vais lui dire où vous êtes.

CÉLIA.

Vous me quittez ?

JACQUES.

Je vous laisse en compagnie de ce ruisseau tranquille, où vous pourrez contempler ce que, en qualité de femme, vous considérez comme la merveille du monde : votre propre image.

CÉLIA.

Ainsi, chevalier discourtois, vous m’abandonnez ici, sans crainte des loups ou des voleurs ?

JACQUES.

Les bandits et les loups, pauvre fille, ne sont peut-être pas si redoutables que les pensées de ton propre esprit et les désirs de ton propre cœur.