Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/186

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CÉLIA.

Il consent donc à me voir ?

ROSALINDE.

Tu en doutes ?

CÉLIA.

En ce cas, ma cause est gagnée. Je lui dirai des choses qu’il ignore, les terreurs qui assiègent quelquefois son frère, et qui me font toujours espérer l’heure du repentir…

Elle va près de Jacques.
JACQUES, assis.

L’heure du repentir sonne pour tous les pécheurs ; mais ce n’est qu’une heure, et quand elle est passée, la vie d’enivrement et d’oubli reprend son cours.

CÉLIA.

En ce cas, le devoir de ceux qui nous aiment est de nous forcer à réfléchir plus d’une heure. Ma fuite doit avoir cet effet sur mon père, et, si mon absence se prolonge, je jure que, pour me ramener, il révoquera la sentence d’exil prononcée contre le duc et ses amis.

JACQUES, se levant.

Pour que cela eût lieu, il faudrait qu’il fût possible de vous tenir cachée ici, et, comme vous n’aurez jamais cette prudence…

CÉLIA.

Ah ! taisez-vous, je vous prie, esclave ; je ne veux plus de vous que des louanges. (Voyant Roland an fond.) Mais n’est-ce pas là notre jeune lutteur ? Oui, je vois briller à son cou certaine chaîne…

JACQUES, à Célia.

Cachez-vous, si vous ne voulez pas qu’il vous reconnaisse.

CÉLIA.

Il est trop tard, il m’a vue.