Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/324

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si vous avez réellement les petits talents que je réclame. Ôtez vos gants.

CAROLINE.

Que faut-il faire ?

LA MARQUISE.

Causer avant tout, et sur ce point me voici déjà satisfaite ; et puis il faudra lire et faire un peu de musique. Dites-moi quelque chose sur ce piano. (Caroline va toucher du piano.) C’est du Weber ! Justement, je l’adore, et vous le comprenez très-bien ! C’est parfait. (Elle se lève.) Je viens de réfléchir à une chose, mon enfant : c’est que je peux vous donner deux mille quatre cents francs.

CAROLINE, qui s’est levée après avoir joué, s’approche d’elle.

Oh ! madame !

LA MARQUISE.

Ne me remerciez pas pour si peu, vous me feriez de la peine. (Elle passe à gauche.) Je connais votre écriture et votre rédaction par des lettres de vous que madame d’Arglade m’a montrées ; vous serez un excellent secrétaire. Maintenant, ma chère, je vous connais et vous me plaisez ; à vous de me connaître et à moi de vous plaire. (Mouvement de Caroline.) Oh ! je veux que vous vous attachiez à moi. Vous n’allez pas être seulement de la maison, vous allez être de la famille. Connaissez donc tout de suite mes habitudes, mes manies, mes défauts. J’ai une grande activité d’esprit et une grande paresse de corps. Je me suis fait défendre par mon médecin de rendre des visites. Je me suis habituée à cela ; à Paris comme à la campagne, je ne sors jamais… Et puis je n’ai plus de voitures et je ne veux pas que mon fils m’en donne. Mais vous me ferez des commissions, et vous ne serez pas contrariée d’aller en fiacre ?

CAROLINE.

Non, certes, ni à pied non plus.

LA MARQUISE.

Ensuite, je veille très-tard, et je suis très-bavarde.