Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/334

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URBAIN.

Où étiez-vous donc ?

LE DUC.

J’étais sous le onzième arbre à gauche, en entrant dans la forêt de Fontainebleau par la route de Melun. C’est là que je demeure quelquefois.

URBAIN.

Vous, mon frère ?

LE DUC.

Cela vaut encore mieux que Clichy… et il y a vraiment des choses divertissantes dans cette vie nomade. Vous allez bien loin chercher des impressions de voyage ! Moi, j’en trouve partout. J’ai, par exemple, un valet de chambre merveilleux pour me procurer des surprises. N’importe où je couche, fût-ce dans la Cité, fût-ce à l’hôtel du Lion d’or sur n’importe quelle route, fût-ce au pied d’un arbre comme cela m’est arrivé encore hier, je le trouve à mon réveil, ayant tout disposé comme si nous étions dans notre hôtel, mon nécessaire ouvert à côté de moi, mon chocolat cuit à point sur son réchaud à esprit-de-vin ; ainsi, ce matin, il m’a barbifié, coiffé et habillé sous le onzième arbre dont je vous parlais tout à l’heure, et il m’a apporté les journaux, que j’ai parcourus pendant ce temps-là. J’ai lu le discours de M. de Clusey ; il est fort bien, et le gouvernement n’a qu’à se bien tenir.

URBAIN.

Vous riez de tout, Gaétan !

LE DUC.

Je ris de tout ce qui est risible.

URBAIN.

Mais ceci ne l’est pas ; car, si ma mère le savait, elle en mourrait de chagrin. Il faut donc que ce ne soit plus.

LE DUC.

C’est aisé à dire.

URBAIN.

Et à faire. Voici la quittance de tout ce que vous deviez. Il