Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/35

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êtes raisonnable. Maman me dit toujours : « Je ne sais pas comment tu peux te plaire avec mademoiselle Laurent, qui n’a ni ton âge ni tes goûts. » Moi, je lui réponds que c’est une liaison qui me fait honneur, parce que vous êtes une personne de mérite. Alors, elle dit : « À la bonne heure, si ça peut te faire passer pour instruite et spirituelle, car tu ne l’es guère ! » Et, là-dessus, mon père arrive et dit d’un ton lugubre : « Ça n’est pas faute d’avoir payé des maîtres et dépensé de l’argent. »

FRANÇOISE.

M. Dubuisson n’a pourtant pas la mine d’un tyran. Il cède toujours.

CLÉONICE.

En apparence ! mais, au fond, jamais ! Si vous l’aviez vu avec ce pauvre jeune homme qui m’aimait…

FRANÇOISE.

Ah ! le fameux cousin ?… Vous y pensez donc encore, à M. Jules Dubuisson ?

CLÉONICE, se moquant d’elle-même.

Hélas ! pas trop !

FRANÇOISE, riant.

Alors, vous n’en mourrez pas ?

CLÉONICE, de même.

Qui sait ?

FRANÇOISE.

Si vous l’aviez bien voulu, pourtant !

CLÉONICE.

C’est vrai, on aurait cédé. Mais qu’est-ce que vous en pensez, vous, de mon cousin Jules ?

FRANÇOISE.

Je vous l’ai dit : il est trop jeune, trop…

CLÉONICE.

Trop blond ? Oui, il est trop blond !

FRANÇOISE.

Et trop myope.