Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/360

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LE DUC.

Il est bien meilleur à présent ! Au reste, ça n’a pas dû lui coûter de mourir, il était si peu né !

LÉONIE.

Ceci passe la plaisanterie.

LE DUC.

Vous avez de l’esprit quelquefois, ripostez ! Quand ma mère dort au bruit de la parole, il n’y a plus que le silence qui la réveille.

LÉONIE.

Monsieur le duc, supposons que tout ce que vous avez dit soit exact, que j’aie trente ans, que je sois ambitieuse et que j’aie eu l’intention… où serait pour vous le malheur d’épouser une femme à qui tout le monde donne vingt-deux ans, que vous avez trouvée jolie, puisque vous lui avez fait la cour, que vous savez vertueuse, puisqu’elle ne vous a pas écouté, et qui exposerait sa fortune, péniblement acquise par d’honnêtes parents, à tomber dans le gouffre où se sont engloutis les héritages de vos aïeux illustres ? Croiriez-vous que la fantaisie d’un titre pût motiver un pareil sacrifice ? Ce serait là un bien sot calcul dans une âme si profonde, et vous seriez forcé de reconnaître que cette fausse niaise est une véritable folle, ou que cette fausse baronne est capable d’un sentiment vrai.

LE DUC.

Ce n’est pas mal répondu, ça, pour vous ! (Léonie lui tourna brusquement le dos.) Eh bien, vous partez ? (Léonie entre chez la marquise à gauche ; la marquise s’éveille, le duc va lui baiser la main.)




Scène III


LE DUC, LA MARQUISE.


LA MARQUISE, s’éveillant.

Vous dites, baronne ? Ah ! c’est vous qui êtes là, mon fils ?