Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas son jeune homme mieux que ça ? Le voilà qui nous tourne les talons !

Henri a remonté ; il descend à gauche, prend un livre, et cause bas avec la Hyonnais.
CLÉONICE.

Mais, maman, il vous l’a nommé, il nous a saluées, tout est dit. C’est vous qui le mettez en fuite avec vos compliments.

MADAME DUBUISSON.

Moi ? Je n’ai pas encore ouvert la bouche. (À Françoise.) Il n’a pas l’air fort avenant, M. le comte ; pourtant il ne roule pas sur l’or, à ce qu’il paraît !

LE DOCTEUR.

Mais pardon ! il est à son aise.

MADAME DUBUISSON.

Au fait, c’est juste : chacun est riche qui se croit riche ! Tout ça dépend des idées… Mais (élevant la voix), quand on a l’habitude du luxe… J’avoue que je me trouverais gênée si je n’avais pas cent mille livres de rente…

LE DOCTEUR.

Pourtant vous ne les avez pas toujours eues ? Votre mari…

MADAME DUBUISSON.

Mon mari, mon mari !… Moi, j’ai été élevée autrement. Je n’étais pas, si vous voulez, de la haute société ; mais j’en avais les instincts, et j’en ai pris les goûts. Oui, c’est comme ça ! Toute jeunette, je me disais : « Il faudra que je sois riche, » et je l’ai été.

LE DOCTEUR.

Vous pensiez que ça vous était dû ?

MADAME DUBUISSON.

La richesse est due à ceux qui savent la dépenser, voilà !

LE DOCTEUR.

Oh ! alors, c’est juste. Personne ne s’y entend mieux que vous.

MADAME DUBUISSON, vite et haut.

J’aime ça, moi, les belles maisons, les beaux meubles, les bijoux, les dentelles, les voitures, tout ce qui est nouveau, 2.