Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/441

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URBAIN.

Ah ! dites-le !

LE DUC.

Oui, dites !

URBAIN.

Dites !

CAROLINE, au duc.

Eh bien… s’il mérite d’être aimé comme il l’exige… qu’il le prouve ! qu’il ne se fasse pas égoïste, qu’il ne choisisse pas justement une femme que sa mère ne peut accepter qu’en se sacrifiant à lui.

URBAIN.

Mais ma mère…

CAROLINE, se levant.

Monsieur de Villemer, nous ne sommes pas des enfants, vous et moi ; ne nous faisons donc pas d’illusions. Jamais la marquise de Villemer n’oubliera qu’elle a payé mes services. Séparons-nous donc aujourd’hui pour toujours. Vous penserez à moi, je le sais, et vous souffrirez, je le crains ; mais vous songerez à ce que vous me devez, à moi, après ce que vous avez osé me dire et ce que vous m’avez forcée de vous répondre. (Le duc remonte.) Attendez ! une consolation nous reste : vous avez un fils, confiez-le-moi. Je saurai l’élever et l’instruire. J’irai m’établir où il est, vous le verrez souvent, mais sans me voir jamais ; je l’aimerai de tout l’amour que je ne puis avoir pour vous, et, quand je vous le rendrai, nous pourrons nous serrer la main et nous dire sans trouble que nous méritions d’être heureux l’un par l’autre, mais que nous avons préféré le devoir au bonheur et l’amitié qui sauve à la passion qui tue.

Elle retombe, sur la chaise.
LE DUC, descendant au milieu.

Voilà, ma chère Caroline, qui est très-grand, très-sincère, mais très-impossible ! Ne vous revoir que dans des années, et vous éviter consciencieusement tout ce temps-là, avec cet