Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/455

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CAROLINE.

Je crois que oui.

LA MARQUISE.

Jusqu’au jour, peut-être ?

CAROLINE.

Ce ne serait pas la première fois ; on s’oublie !

LA MARQUISE, se levant et passant à droite ; sèchement.

Il ne faut pas s’oublier ! Vous n’avez rien à me dire des réflexions, des incertitudes de cette longue veillée ? Vous pensiez peut-être au marquis ?

CAROLINE.

Mon Dieu, madame, pourquoi cet interrogatoire ? Dieu lui-même ne nous demande pas compte des pensées auxquelles nous ne nous arrêtons pas. Vous n’avez à me questionner que sur des actes de ma volonté. Vous craignez, je le vois de reste, que je n’aie encouragé des projets contraires à vos intentions. Je vous réponds que je n’ai rien de tel à me reprocher, et, de ma part, j’ai l’orgueil de croire que cela doit suffire.

LA MARQUISE.

Oui, cela me suffit ; mais il faut justifier mon estime, il faut ôter tout espoir au marquis. Le marquis de Villemer, s’il oublie ce qu’il doit au monde et ce que son rang lui impose, doit être dédommagé de son sacrifice par une grande passion ; et, du moment que vous ne partagez pas la sienne, vous qui êtes à coup sûr sans ambition et sans intrigue, vous ne devez pas hésiter ; dites-lui…

CAROLINE.

Il s’agit de ma dignité, madame la marquise, veuillez me laisser le choix des moyens. Avant tout, je dois partir.

LA MARQUISE.

À quoi bon ? Il vous suivra.

CAROLINE, remontant.

Ce serait me manquer de respect ; je n’ai pas mérité cela.

CAROLINE.

La passion ne raisonne rien. Il faut le décourager d’a-