Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/60

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HENRI, avec un sourire forcé.

Vraiment ? Je ne l’aurais pas cru si jeune, monsieur mon père ! Il brise un couteau à papier. — Il est assis sur le bord de la table devant le docteur.

LE DOCTEUR.

Comme tu es nerveux et pâle ! Voyons, la vérité : combien dois-tu ?

HENRI.

Tout ce que j’ai !

LE DOCTEUR.

Il faut vendre Luzy et t’acquitter. Autrement, les intérêts feront la boule de neige, et tu te verras bientôt insolvable.

HENRI.

Oui, je le ferai… et j’irai en Californie… C’est aimable !… c’est gai !

LE DOCTEUR.

Et c’est incertain, pour toi surtout qui n’as pas l’énergie des grandes aventures. Tu dois donc plus que tu ne possèdes ?

HENRI.

Oui.

LE DOCTEUR.

Combien en plus ?

HENRI.

Peut-être cent mille francs.

LE DOCTEUR, se levant.

Diable !… Allons, je te prête cette somme sans intérêts. (Henri fait un geste de refus.) Tu me la rendras ! Tu es assez instruit pour embrasser une carrière : nous la chercherons ensemble ; je t’aiderai à la trouver. Le travail est le grand remède aux écarts de la jeunesse, et, quand tu en auras goûté, tu verras qu’à quelque chose malheur est bon !

HENRI.

Oui, oui, Quand j’aurai travaillé dix ans… vingt ans… quand