Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/67

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crois-tu que ta mauvaise fortune changerait quelque chose à mes sentiments pour toi ?

HENRI.

Tes sentiments pour moi, ma chère Françoise, sont ceux d’une sœur généreuse, je le sais ; mais ton âme calme, ton esprit ferme, ne sauraient admettre l’état d’abaissement où je vivrais à tes pieds en te devant tout.

FRANÇOISE.

Certes ; mais tu peux par ta propre volonté…

HENRI.

Oui, je peux m’occuper utilement, ton père le croit. J’en suis moins certain que lui ! D’ailleurs… tiens, Françoise, il faut que je réfléchisse, il faut que je m’interroge. Suis-je assez courageux, assez sérieux, assez résigné pour être digne de toi, maintenant que ma situation est si changée ?

Il prend son chapeau.
FRANÇOISE, effrayée.

Mois où vas-tu ? que vas-tu faire ? que vas-tu devenir ?

HENRI.

Oh ! cela me regarde et je te supplie, ma bonne sœur, de ne pas t’en préoccuper trop vivement. Je vais en Bretagne d’abord, m’assurer de mon désastre… et puis je vendrai ce que j’ai… à M. Dubuisson peut-être, le plus cher possible : la petite a raison ! Je verrai mon avoué aujourd’hui, et mettrai cette affaire en train, pour qu’à mon retour je la trouve avancée… Je ferais peut-être bien… oui… d’aller faire une visite à ce Dubuisson. C’est tout près d’ici, j’y cours.

FRANÇOISE.

Henri ! tu me quittes comme cela ?

HENRI, lui baisant la main.

Oh ! je serai de retour dans un mois, au plus tard. Je te demande la permission de t’écrire de là-bas et de me regarder toujours comme ton frère et ton ami. Tu le sais bien, est-ce qu’il peut en être autrement ? Allons, au revoir, ma bonne Françoise ! au revoir !

Il sort par le fond.