Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/27

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LE DRAC.

Mais on se bat encore. Bernard tombe, Bernard est blessé !

FRANCINE.

Ah ! mon pauvre cœur !

LE DRAC, agité.

Il est bien mal, il prie, il va mourir… Il se repent !

FRANCINE.

Il pense à moi, dis, il a pensé à moi ?

LE DRAC, s’éveillant.

Écoute ! (On entend le canon dans l’éloignement.)

FRANCINE.

Ce n’est rien, on entend ça tous les jours. Dis-moi… Mais je suis folle de vouloir que tu m’expliques un rêve !

LE DRAC.

C’est un navire qui rentre au port.

FRANCINE.

Quel navire ? Mon Dieu ! le Cyclope peut-être ! Tu l’as vu en mer aujourd’hui ? tu l’as reconnu ?

LE DRAC.

Qui sait ?

FRANCINE.

Et Bernard ?

LE DRAC, comme étonné.

Bernard ?

FRANCINE.

Ah ! tu ne dors plus, tu ne dors plus… ou tu ne veux plus me dire… Bernard est mort peut-être ?

LE DRAC.

Peut-être.

FRANCINE.

Mais peut-être aussi qu’il est vivant, qu’il revient, qu’il est sur ce navire ? Ah ! comment savoir ?… D’ici, on ne voit pas la rade. — Vas-y, toi ! (Le Drac secoue la tête et s’assied.) Nicolas ! vas-y !

LE DRAC.

Non.