Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/368

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DESŒILLETS.

Miséricorde ! monsieur Marielle, vous me détruisez !

ERGASTE.

Parle vite, ou tu es mort !

DESŒILLETS.

Mais quoi ?… Madame Sylvia, vous dites ? Je l’ai menée chez moi et n’y suis point retourné. Qu’est-il donc arrivé, mon Dieu ?

MARIELLE, saisissant la main de Desœillets.

Qu’est-ce que tu tiens là ?

DESŒILLETS, feignant de résister.

Rien, rien, monsieur Marielle, ce n’est point pour vous !

MARIELLE, lui arrachant la lettre.

C’est l’écriture de Sylvia ! Pour Fabio ? Qui t’a donné cela ?

DESŒILLETS.

Un inconnu, monsieur… Je ne sais ce que c’est, en vérité ! (Marielle ouvre la lettre convulsivement.) Mais, monsieur…

MARIELLE.

Laissez-moi, laissez-moi !… (Il vient sur le bord de la scène avec Ergaste. Desœillets s’esquive. Marielle, lisant à demi-voix auprès d’Ergaste qui suit des yeux.) « Vous le voulez, Fabio ! Pour que vous me rendiez votre amour, il faut que je vous sacrifie mon honneur. Je ne tromperai point Marielle ; je renonce à sa protection comme à son estime. Le sort en est jeté. La passion me domine. Je pars, suivez-moi ! — Sylvia. »

ERGASTE.

Elle ne peut, point avoir écrit cela !

MARIELLE.

Tu ne connais donc point son écriture ? (Il lui met avec violence la lettre sous les yeux et s’affaisse dans un fauteuil.)

ERGASTE.

Oh ! mille tonnerres ! je crois rêver !

FLORIMOND, se rapprochant d’eux.

Eh bien, qu’est-ce qu’il y a, voyons ? Votre femme vous