Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/399

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mir. Mais il n’est point méchant, le pauvre homme ! Parlez-lui bien doucement. Fermez la porte du théâtre, c’est là qu’il veut toujours courir.


Scène XI

MARIELLE, SYLVIA, SŒUR COLETTE, FABIO, ERGASTE, PIERROT.
MARIELLE, avec quelques pièces de costume mises au hasard, entre à pas lents et sans remarquer personne. Il n’est point en somnambulisme, mais dans une sorte de délire tranquille.

C’est une scène de lazzi à l’italienne. Scaramouche veut garder le logis d’Isabelle : Léandre le pousse rudement et lui rompt le crâne contre une table… Le public rit… C’est une scène fort plaisante.

ERGASTE, s’approchant de lui avec précaution.

Marielle, la pièce est finie. Viens te reposer, mon vieux !

MARIELLE.

Non, il y a encore la scène de la fin. J’irai jusqu’à la fin, quand j’en devrais, mourir. Tu sais, la scène de la lettre ! je ferai mine de la lire, mais je ne la veux point voir. Allons, donne-la-moi.

ERGASTE.

Pense à autre chose, ami. Il y a là des personnes que tu seras content de voir et qui te veulent serrer la main, (Il lui prend doucement la main, en retenant de l’autre Sylvia, qui s’est approchée de Marielle.)

MARIELLE.

À moi ? Je veux bien ; mais c’est quelque Judas, peut-être. (Il étend la main avec force, Sylvia la lui saisit.) Faites bien attention, le public nous regarde. Ayons l’air de nous embrasser ; après, nous nous égorgerons dans la coulisse.

SYLVIA.

Marielle, Marielle, c’est moi ! ta femme ! avec ta sœur !