Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/56

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BERNARD, à part.

Ah çà ! qu’est-ce qu’il a donc à compter comme ça des coquilles ? Drôle de manière de me recevoir !

ANDRÉ.

Quarante ! Compte avec moi !

BERNARD.

Comme vous voudrez ! (Ils comptent ensemble jusqu’à 50 par 2 ou par 4.)

ANDRÉ, prenant les gros coquillages pour des rouleaux d’or.

C’est bien le compte ?

BERNARD.

Oui. (À part.) Est-ce que le pauvre vieux déménage déjà ? Diable ! ça serait du chagrin, ça !

ANDRÉ, serrant le tiroir plein de coquillages dans son buffet.

Tu vois, je les mets là.

BERNARD.

Je vois ! et puis ?

ANDRÉ.

Et puis, si tu veux emporter la clef ?

BERNARD.

Moi ? Mais non, j’y tiens pas. (À part.) J’y comprends rien.

ANDRÉ.

Alors t’as confiance en moi ?

BERNARD.

Comme au bon Dieu !… Mais, patron, je venais pour vous remercier, et… avant tout… est-ce que… ? Si j’osais vous demander la permission de vous embrasser… ça me ferait tant de plaisir !

ANDRÉ.

Embrasse-moi, mon garçon, embrassons-nous !… Je ne demande pas mieux.

BERNARD, lui sautant au cou.

Ah ! tenez, vous, vous êtes le meilleur homme de la terre ? Vous me pardonnez tout, si vite que ça ? Vrai, vous me pardonnez ?