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Scène II

ANDRÉ, LE DRAC.
ANDRÉ, sortant de sa chambre avec une lumière.

Tiens, t’es là, toi ? Tu t’es donc pas couché, ou t’es déjà levé ?

LE DRAC.

Vous ne savez donc pas l’heure, patron ?

ANDRÉ, regardant le coucou.

Cinq heures du matin !

LE DRAC.

Et vous n’avez pas dormi, vous ! Toute la nuit vous avez tourmenté, grondé, questionné, menacé Francine !

ANDRÉ.

Quéque ça te fait, à toi ? T’écoutes donc aux portes ?

LE DRAC.

Non ; mais vous parliez si haut et les murs sont si minces, que, de mon lit de paille, j’entendais malgré moi.

ANDRÉ.

Fallait pas entendre. Sais-tu ? y a longtemps que je me doute de quéque chose qui ne me convient pas !…

LE DRAC.

Quoi donc, patron ?

ANDRÉ.

Tu te permets de penser à Francine, et ça ne vaut rien à ton âge ! C’est trop tôt… D’ailleurs, t’es rien qu’un petit vagabond, et j’entends pas… Suffit ! tu m’entends.

LE DRAC, à part.

Ah ! Nicolas aimait Francine… d’un autre amour que moi !… Et à présent, moi, je l’aime donc comme il l’aimait !

ANDRÉ.

À quoi que tu penses ? Voyons, faut t’en aller à la mer.

LE DRAC, tressaillant.

À la mer ?… Ah ! oui, pêcher encore !