Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

FRANCINE.

Je ne le reconnais plus : c’est comme un ange !

BERNARD.

Non, c’est un nuage.

ANDRÉ.

Non, c’est une vapeur.

BERNARD.

Et ce n’est plus rien !

FRANCINE.

Rien ? Si fait, c’est une âme qui a péché et qui souffre ! Prions pour elle. (Elle s’agenouille. André aussi.)

BERNARD, debout

Dieu du ciel, toi qu’es si grand et si fort, des pauvres gens comme nous autres, ça ne sait rien de rien ! mais ça te connaît par ta bonté. J’ai fait un vœu tout à l’heure, qui était de pardonner, même au diable ; mais peut-être bien que, le diable, c’est une idée que nous avons, et peut-être que, l’enfer, c’est notre mauvaise tête et notre mauvais cœur ! Que ça soit ça ou autre chose, t’es là pour nous guérir, et tant qu’à pardonner, ce que j’ai fait, t’es pas embarrassé pour le faire !… Grâce, mon bon Dieu, grâce pour l’esprit de la plage !

FRANCINE.

Oui, c’était un bon esprit qui voulait faire le mal et qui ne le pouvait pas ! Grâce pour lui, mon Dieu, et pour cette pauvre maison où l’on t’aime !

VOIX DU DRAC, au loin derrière les rochers.

Bonté, lumière… ô mes ailes d’or, ô mon âme pure, je vous retrouve !

FRANCINE.

Ah ! écoutez donc comme la brise de mer chante doux ! on dirait des paroles !

VOIX DU DRAC.

Vague charmante, récifs superbes ! bons pêcheurs… amis, frères ! fraîcheur du matin, doux réveil ! travail, amour, innocence ! ô liberté ineffable !…