Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/94

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losophes, n’étaient à l’abri de tes coups : la sagesse qui brille dans ton Plutus rachètera les excès de ta muse emportée.

ARISTOPHANE, avec humeur.

Vas-tu me reprocher Périclès, Euripide, Socrate ?

MERCURE.

Tu ne leur as pas fait de mal dans la postérité, qui les connaît mieux que toi.

ARISTOPHANE.

Oses-tu dire que ma raillerie se soit attachée à leur char de triomphe comme une vile dépouille ?

MERCURE.

Non, Aristophane ! Être combattu par un esprit tel que le tien, c’est encore une gloire, et, qu’ils soient amis ou rivaux, les grands hommes sont toujours illustrés par les grands critiques.

ARISTOPHANE.

À la bonne heure ! et, puisqu’on va commencer, — je pense que tu vas remplir ton rôle dans ma pièce, — laisse-moi parler un peu aux spectateurs, comme le chœur parle pour moi aux Athéniens.

MERCURE.

Va, et songe que la mode est passée de se vanter soi-même.

ARISTOPHANE, au public.

Si quelque poëte est assez hardi pour se louer lui-même devant vous, ô Athéniens ! qu’il soit fustigé par vos licteurs !

MERCURE, riant.

fustigé ? …

ARISTOPHANE.

Mais, si quelqu’un a droit à des honneurs, je soutiens que c’est moi, moi, le plus grand des poètes et le plus célèbre dans l’art de la comédie ! »

MERCURE.

Fi ! que dis-tu là maintenant ?