Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/101

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messe, et nous ne rentrâmes chez nous que le lundi dans l’après-midi.

Le premier objet qui frappa mes regards en disant bonjour à ma femme fut une jolie petite fille de six à sept ans coquettement attifée qui s’accrochait en jouant et en riant à ses jupes, et qui me dit d’un air mutin :

— C’est-il toi le mari à Bébelle !

— Qu’est-ce que Bébelle ? et à qui ce joli enfant-là ?

— C’est mademoiselle Léonie de Nives, répondit ma femme en la prenant dans ses bras ; elle m’a entendu appeler madame Chantebel et elle trouve plus court et plus gentil de m’appeler Bébelle. Oh ! c’est que nous sommes déjà une paire d’amies, n’est-ce pas, Ninie ? Nous nous convenons beaucoup toutes les deux.

— Mais d’où diable vous connaissez-vous ? demandai-je.

Le fait me fut expliqué pendant que l’enfant se remettait à courir dans le jardin. Madame de Nives était venue la veille pour me parler, et ma femme s’était enhardie jusqu’à l’accueillir de son mieux. La toilette exquise et le brillant équipage de la comtesse lui avaient tourné la tête. Celle-ci s’était faite aimable et séduisante avec la femme de l’avocat qu’elle voulait gagner à sa cause. Elle avait consenti à laisser mettre ses chevaux au repos pendant deux heures à l’écu-