Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/113

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était fort indocile et menaçait de griffer sa jolie figure, je le lui ôtai avec douceur sans qu’elle se fâchât, et je lui donnai un gros pigeon apprivoisé qui lui causa des transports de joie. D’abord elle le serra bien fort ; mais, quand je lui eus fait comprendre qu’il fallait le laisser libre pour avoir le plaisir de le voir revenir et la suivre de lui-même, elle m’écouta fort bien et le toucha délicatement ; mais c’était une ardeur de caresses qui révélait toute une âme pleine d’amour inassouvi et d’expansions refoulées.

Le jour suivant était ma fête, la Saint-Hyacinthe, c’était aussi la fête patronale de notre village. Deux ou trois douzaines de cousins et neveux nous arrivèrent avec femmes et enfants. Ils allèrent s’ébattre à la fête rustique, tandis que ma femme, sur pied dès l’aurore, leur préparait un festin homérique. Moi, je fus absorbé comme de coutume par une foule de clients, gros paysans ou petits bourgeois, qui profitaient de la fête pour venir me consulter et me priver du plaisir d’y assister.

Quand j’eus supporté la fatigue et l’ennui des longues explications plus ou moins confuses de ces braves gens, on sonnait le premier coup du dîner. Je les mis résolument à la porte, non sans me débattre jusque sur l’escalier contre leurs recommandations et redites. Enfin je passai au salon en leur fermant la porte au nez. J’eus là