Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/123

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jolie, car ni dans ce temps-là ni depuis il n’a vu sa figure. C’est lui qui, en riant, m’a raconté tout cela par la suite.

— Tu es sûre qu’il ne l’a jamais vue ? Moi, j’en doute, regarde, Miette, regarde !

La bourrée était finie, on allait en recommencer une autre, et au moment où Jacques allait emmener sa danseuse, Henri, s’adressant à elle, l’invitait pour la bourrée suivante. Elle acceptait malgré la visible désapprobation de Jacques. Elle prenait le bras de mon fils et se mettait à sauter avec lui d’aussi bon cœur qu’avec mon neveu.

— Eh bien ! qu’est-ce que cela prouve ? me dit la bonne Émilie sans aucune velléité de dépit. Henri a remarqué cette jolie fille, il s’est dit que, puisque Jacques la faisait danser, il pouvait bien l’inviter aussi. Laissez-moi me rapprocher d’elle, mon oncle, car elle commence à faire sensation, et tout le monde voudra l’inviter tout à l’heure. Il faut que je l’emmène. La Charliette est là, je la vois, mais elle la gâte et la laissera s’exposer trop longtemps aux regards.

— Va donc, mais tout ceci m’ennuie considérablement ! Le diable soit de cette demoiselle, qui te causera mille soucis, qui te compromettra, c’est presque certain, et qui, en attendant, danse avec Henri, tandis que, sans sa présence chez toi, il eût su renouer les liens tendres et sérieux de votre affection mutuelle, et qu’au-