casion, nous sommes heureux à notre manière dans le mariage, toi et moi, mais chacun l’entend à la sienne, et puisque le bien à chercher ou le mal à risquer doit être personnel à notre enfant, mon avis est de n’avoir d’avis ni l’un ni l’autre et de le laisser décider tout seul.
— C’était parbleu bien la conclusion que je tenais en réserve, lui répondis-je ; mais je le croyais épris de Miette et depuis longtemps décidé à en faire sa femme le plus tôt possible.
— Et Miette ? dit Henri ému, est-elle donc aussi décidée que moi, et pensez-vous qu’elle soit éprise de ma personne ?
— Éprise est un mot qui ne trouve pas son emploi dans le vocabulaire de Miette. Tu la connais ; c’est une fille calme, franche, décidée, sincère, c’est la droiture, la bonté, le courage en personne. Miette a une grande amitié pour toi, nous en sommes certains. Elle n’a, après moi, qu’un guide et un ami en ce monde, son frère Jacques, qu’elle chérit et respecte aveuglément. Miette Ormonde épousera celui que Jacques Ormonde aura choisi, et depuis l’enfance Jacques Ormonde, qui est ton meilleur ami, t’a destiné sa sœur. Que veux-tu de mieux ?