Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/192

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m’a répondu ? « Émilie ne peut pas être compromise. C’est une pureté au-dessus de toutes les souillures. Si l’on venait à dire qu’étant chez elle je me suis conduite follement, toute la province répondrait d’une seule voix que c’est contre le gré ou à l’insu de votre cousine. Et vous d’ailleurs, ne seriez-vous pas là pour crier aux détracteurs : Vous en avez menti ! La preuve qu’elle est respectable, c’est qu’elle est ma fiancée, et que je l’épouse. »

— Eh bien ! et toi ? qu’as-tu répondu à cette question très-directe ?

— Je n’ai rien répondu. Il me répugnait de parler d’Émilie et de mes sentiments secrets avec une personne qui ne comprend rien aux sentiments humains.

— Je regrette que tu n’aies rien trouvé à répondre.

— Dis-moi, père, crois-tu qu’Émilie…

— Eh bien ! Émilie…

— Elle doit savoir que son amie s’absente tous les soirs depuis quelques jours ?

— Il me paraît impossible qu’elle l’ignore ! La maison de Vignolette est grande ; mais, quand on y vit tête à tête, l’absence de l’un des deux hôtes doit être remarquée.

— Mademoiselle de Nives prétend qu’Émilie ne lui fait pas de questions et ne témoigne aucune inquiétude. Comment expliques-tu cela ?