Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/205

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jamais pénétré. Elle sentit ses torts et lut dans sa propre conscience. Elle fit le mouvement d’une personne que le vertige a saisie au bord d’un précipice, et qui se rejette en arrière ; mais elle se rapprocha instinctivement de ce cœur dont elle avait senti pour la première fois le robuste battement près du sien, et de là s’adressant à Émilie :

— C’est toi qui devrais me faire les plus durs reproches, lui dit-elle, car j’ai été, à ce qu’il paraît, ingrate envers ton frère et coquette avec ton cousin ! Comme de coutume, tu ne dis rien, et tu souffres sans te plaindre. Eh bien ! je te jure que je réparerai tout, et que je serai digne de ton amitié !

— Dieu vous entende ! mademoiselle, lui dis-je en lui tendant la main. Pardonnez-moi de vous avoir fait souffrir. Je crois avoir dégagé la vérité du labyrinthe où vous avait poussée la Charliette. Vous réfléchirez, j’y compte, et vous ne vous exposerez plus à des aventures dont les conséquences pourraient tourner contre vous. Parlons affaires maintenant, et voyons comment vous pourrez être réintégrée dans vos droits sans éclats et sans déchirements. Sachez que je n’ai accepté la confiance de votre belle-mère qu’à la condition de me poser en conciliateur. Je ne m’intéresse point à elle personnellement ; mais elle a fait une chose habile : elle sait que j’adore