Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/320

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gestes, toutes les attitudes de Philippe, et elle en conclut que ses idées et ses actions étaient les conséquences de son type. Elle ne manquait pas de cet esprit naturel et gouailleur qui est propre aux habitants du centre, aux femmes particulièrement. Elle le railla donc finement pendant tout le dîner, sans qu’il daignât s’en apercevoir. Il est vrai que, les devoirs de l’hospitalité passant chez elle avant tout, elle lui avait fait fort bon accueil et l’accablait de petits soins.

Philippe ayant appris que les André dînaient le lendemain chez mademoiselle Chevreuse et qu’on saisirait l’occasion pour le lui présenter, trouva ses affaires plus avancées qu’il n’y comptait, et ne manqua pas de dire qu’il avait une étoile propice tout au beau milieu du ciel.

— Laquelle est-ce ?… lui demanda malicieusement madame André.

— Je ne sais pas son nom, répondit-il gaîment, je ne connais pas l’astronomie ; mais, quand je regarde la plus grosse et la plus belle, je suis bien sûr que c’est la mienne. — Est-ce que vous ne croyez pas à l’influence des étoiles, ami Pierre ?

— Si fait ; j’y crois pour Napoléon et pour vous. Si les simples mortels comme moi ont le patronage d’un astre, le mien est si petit et si haut perché, que je n’ai jamais pu l’apercevoir.

Philippe avait prolongé la soirée d’une façon