Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/321

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inusitée à Dolmor, sans se douter que la vieille dame se couchait à neuf heures. Pierre, voyant la pendule marquer onze heures, dit à son hôte :

— Vous devez être las du voyage ; quand vous voudrez que je vous conduise à votre chambre, vous me le direz.

— Je ne suis jamais las, reprit Gaucher ; rien ne me fatigue, mais ce roulement de diligence m’est resté dans la tête et m’endort un peu ; donc, si vous voulez le permettre…

Pierre le conduisit à une petite chambre d’ami, toute neuve et très-fraîche, dont le peintre ouvrit les persiennes afin, dit-il, d’être réveillé par la première aube. Il prétendait aller explorer la campagne, afin de choisir le motif qu’il aurait à peindre les jours suivants.

— Dormez en paix, lui dit Pierre ; je m’éveille avec le jour et je viendrai vous chercher, si vous voulez que je vous conduise aux plus beaux endroits de notre vallée.

— Merci, répondit Philippe ; mais franchement j’aime mieux aller seul à la découverte. L’artiste est gêné quand il lui faut recevoir le contre-coup d’une autre appréciation que la sienne.

— C’est-à-dire, pensa Pierre André, que tu veux aller importuner de ta curiosité Marianne jusque chez elle. J’y veillerai, mon garçon ; elle