Page:Sand - Valentine, CalmannLévy, 1912.djvu/64

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sa froideur ; mais Athénaïs n’écouta rien.

— Non, non, ma chère demoiselle, répondit-elle en essuyant tout à coup ses larmes, il faut que j’en prenne mon parti ; j’en mourrai peut-être de chagrin, mais enfin je ferai mon possible pour en guérir. Il est trop humiliant de se voir mépriser ainsi ! J’ai bien d’autres aspirants ! Si Bénédict croit qu’il était le seul dans le monde à me faire la cour, il se trompe. J’en connais qui ne me trouveront pas si indigne d’être recherchée. Il verra ! il verra que je m’en vengerai, que je ne serai pas longtemps au dépourvu, que j’épouserai Georges Simonneau, ou Pierre Blutty, ou bien encore Blaise Moret ! Il est vrai que je ne peux pas les souffrir. Oh ! oui, je sens bien que je haïrai l’homme qui m’épousera à la place de Bénédict ! Mais c’est lui qui l’aura voulu ; et, si je suis une mauvaise femme, il en répondra devant Dieu !

— Tout cela n’arrivera pas, ma chère enfant, reprit Louise ; vous ne trouverez point parmi vos nombreux adorateurs un homme que vous puissiez comparer à Bénédict pour l’esprit, la délicatesse et les talents, comme, de son côté, il ne trouvera jamais une femme qui vous surpasse en beauté et en attachement…