Page:Sand - Valvèdre.djvu/17

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ploration des glaciers et des moraines du mont Rose, fixée la veille encore au surlendemain, voyant toutes choses arrangées et le temps très-favorable, avait voulu profiter d’une des rares époques de l’année où les cimes sont claires et calmes. Il était donc parti à minuit, et Obernay l’avait escorté jusqu’à sa première halte. Mon ami devait être de retour vers midi, et, de sa part, on me priait de l’attendre et de ne point me risquer seul dans les précipices, vu que tous les guides du pays avaient été emmenés par M. de Valvèdre. Sachant que j’étais fatigué, on n’avait pas voulu me réveiller pour me dire ce qui se passait, et j’avais dormi si profondément, que le bruit du départ de l’expédition, véritable caravane avec mulets et bagages, ne m’avait causé aucune alerte.

Je me conformai aux désirs d’Obernay et résolus de l’attendre au chalet, ou, pour mieux dire, à l’hôtel d’Ambroise ; tel était le nom de notre hôte, excellent homme, très-intelligent et majestueusement obèse. En causant avec lui, j’appris que sa maison avait été embellie par la munificence et les soins de M. de Valvèdre, lequel avait pris ce pays en amour. Comme il y venait assez souvent, sa propre résidence n’étant pas très-éloignée, il s’était arrangé pour y avoir à sa disposition un pied-à-terre confortable. Il avait si bien fait les choses, qu’Ambroise se regardait autant comme son serviteur que comme son obligé ; mais le savant, qui me parut être un original fort agréable, avait exigé que le montagnard fît de sa maison une auberge