que je l’attends de pied ferme pour savoir qui des deux tuera l’autre, parce qu’enfin il ne me plaît pas qu’il pense m’avoir intimidé, et que je sois homme à subir les conditions d’un mari qui abdique et qui veut jouer pourtant le beau rôle.
— Tu parles comme un fou ! dit Obernay en levant les épaules. Si Valvèdre voulait avoir l’opinion pour lui, il laisserait sa femme chercher le scandale.
— Valvèdre ne craint peut-être pas tant le blâme que le ridicule !
— Et toi donc ?
— C’est mon droit encore plus que le sien. Il a provoqué mon ressentiment, il devait en prévoir les conséquences.
— Alors, c’est décidé, tu enlèves ?
— Oui, et avec tout le mystère possible, parce que je ne veux pas qu’Alida soit témoin d’une tragédie dont elle ne soupçonne pas l’imminence ; et ce mystère, tu ne le trahiras pas, parce que tu n’as pas envie d’être le témoin de Valvèdre contre moi, ton meilleur ami.
— Mon meilleur ami ? Non ! tu ne le serais plus ; tu peux donner ta démission, si tu persistes !
— Au prix de l’amitié, comme au prix de la vie, je persisterai ; mais aussitôt que j’aurai mis Alida en sûreté, je reviendrai ici, et je me présenterai à M. de Valvèdre pour lui répéter tout ce que tu viens d’entendre et tout ce que je te charge de lui dire aussitôt que je serai parti, c’est-à-dire dans une heure.