Page:Sand - Valvèdre.djvu/351

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peut-être moi ! Peut-être aussi l’eussé-je fait vivre plus longtemps, si elle ne se fût pas détachée de moi. Ce mystère de notre action sur la destinée, personne ne peut le sonder. Soumettons-nous au fait accompli et ne parlons pas du reste. Vous voilà. On vous aime, et vous pouvez encore être heureux ; il est de votre devoir de chercher à l’être. Les malheureux volontaires ne sont pas longtemps utiles. Dieu les abandonne ; il veut que la vie soit une floraison et une fructification. Mariez-vous. Je sais qu’Obernay, dans le secret de sa pensée, vous destine une de ses sœurs ; laquelle, je n’en sais rien, je ne le lui ai pas demandé. Je sais que ces enfants n’ont aucune notion de son projet. Cette famille-là est trop religieuse pour qu’il s’y commette des imprudences ou seulement des légèretés. Henri, dans la crainte de vous créer un trouble en cas de répulsion de la part de la jeune fille ou de la vôtre, ne vous en parlera jamais ; mais il espère que l’affection viendra d’elle-même, et il sait que vous aurez cette fois confiance en lui. Essayez donc de reprendre goût à la vie, il en est temps ; vous êtes dans votre meilleur âge pour fonder votre avenir. Vous me consultez avec une déférence filiale, voilà mon conseil. Quant à Paul, je vous le confie avec d’autant moins de mérite que je compte rester au moins un an à Genève et que je pourrai voir si vous continuez à faire bon ménage ensemble. J’irai souvent à Blanville. L’établissement que vous allez faire valoir est bien près de là. Nous nous verrons, et, si vous avez d’autres avis à me demander, je vous