— Eh bien, moi, je vais vous le dire, car elle me l’a dit, celle qui ne souffre plus ! Elle en était jalouse, et vous craignez que son fantôme ne vienne pleurer et menacer à votre chevet ! Rassurez-vous, ce sont là des croyances impies. Les morts sont purs ! Ils remplissent ailleurs une mission nouvelle, et, s’ils se souviennent de nous, c’est pour bénir, et pour demander à Dieu de réparer leurs erreurs et leurs méprises en nous rendant heureux.
— Êtes-vous bien certain de cela ? lui dis-je ; est-ce là votre foi ?
— Oui, inébranlable.
— Eh bien,… tenez ! Adélaïde, cette splendeur d’intelligence et de beauté, cette sérénité divine, cette modestie adorable… tout cela ne s’abaissera jamais jusqu’à moi ! Que suis-je auprès d’elle ? Elle sait toutes choses mieux que moi : la poésie, la musique, les langues, les sciences naturelles,… peut-être la métallurgie, qui sait ? Elle verrait trop en moi son inférieur.
— Encore de l’orgueil ! dit Valvèdre. Souffre-t-on de la supériorité de ce qu’on aime ?
— Mais… je ne l’aime pas, moi ! je la vénère, je l’admire, mais je ne puis l’aimer d’amour !…
— Pourquoi ?
— Parce qu’elle en aime un autre.
— Un autre ? vous croyez ?…
Valvèdre resta pensif et comme plongé dans la solution d’un problème. Je le regardai attentivement.