Page:Sand - Valvèdre.djvu/43

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Cet œil se fixa sur le mien au moment où la voyageuse se trouva près de moi, et elle arrêta brusquement sa monture en tirant sur la bride, au point de faire trébucher le guide, et au risque de le faire tomber dans le précipice. Elle ne parut pas s’en soucier, et, m’adressant la parole d’une voix assez dure, elle me demanda si j’étais du pays. Sur ma réponse négative, elle allait passer outre, lorsque la curiosité me fit ajouter que j’y étais depuis deux jours, et que, si elle avait besoin d’un renseignement, j’étais peut-être à même de le lui donner.

— Alors, reprit-elle, je vous demanderai si vous avez entendu dire que le comte de Valvèdre fût dans les environs.

— Je sais qu’un M. de Valvèdre est à cette heure en excursion sur le mont Rose.

— Sur le mont Rose ? tout en haut ?

— Dans les glaciers, voilà tout ce que je sais.

— Ah ! je devais m’attendre à cela ! dit la dame avec un accent de dépit.

— Oh ! mon Dieu ! ajouta la seconde amazone, qui s’était approchée pour écouter mes réponses, voilà ce que je craignais !

— Rassurez-vous, mesdames ; le temps est magnifique, le sommet très-clair, et personne n’est inquiet de l’expédition. Tout fait croire aux gens du pays qu’elle ne sera pas dangereuse.

— Je vous remercie pour votre bon augure, répondit cette personne à la figure ouverte et à la voix