Page:Sand - Valvèdre.djvu/81

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— Savez-vous, madame, lui dis-je, de quoi je m’entretenais avec M. Moserwald au clair de la lune ?

— Du clair de lune, peut-être ?

— Non, nous parlions bijouterie. Monsieur prétend que toutes les femmes se connaissent en pierres précieuses parce qu’elles les aiment passionnément, et j’ai promis de m’en rapporter à votre arbitrage.

— Il y a là deux questions, répondit madame de Valvèdre. Je ne peux pas résoudre la première ; car, pour mon compte, je n’y entends rien ; mais, pour la seconde, je suis forcée de donner raison à M. Moserwald. Je crois que toutes les femmes aiment les bijoux.

— Excepté moi pourtant, dit Paule avec gaieté ; je ne m’en soucie pas le moins du monde.

— Oh ! vous, ma chère, reprit Alida du même ton, vous êtes une femme supérieure ! Il n’est question ici que des simples mortelles.

— Moi, dis-je à mon tour avec une amertume extrême, je croyais qu’en fait de femmes il n’y avait que les courtisanes qui eussent la passion des diamans.

Alida me regarda d’un air très-étonné.

— Voilà une singulière idée ! reprit-elle. Chez les créatures dont vous parlez, cette passion-là n’existe pas du tout. Les diamants ne représentent pour elles que des écus. Chez les femmes honnêtes, c’est quelque chose de plus noble : cela représente les dons sacrés de la famille ou les gages durables des affections sérieuses. Cela est si vrai, que, ruinée, une véritable