ceci établi, faites-lui part du motif qui m’amenait ici, vous qui savez et devez taire celui qui va dès demain me faire repartir.
— Demain ! vous partez demain ?
— Oui, si M. Moserwald reste, et je n’ai aucune autorité sur lui.
— Il partira, je vous en réponds !
— Et moi, je vous défends d’épouser ma querelle ! De quel droit, s’il vous plaît, prétendriez-vous me compromettre en vous faisant mon chevalier ?
— Mais pourquoi donc voulez-vous partir, mon Dieu ? Est-ce que les outrages de cet homme vous atteignent ?
— Oui, l’outrage atteint toujours une veuve dont le mari est vivant.
— Ah ! madame, vous êtes méconnue et délaissée, je le savais bien, moi ! mais…
— Il n’y a pas de mais. Les choses sont ainsi. M. de Valvèdre est un homme infiniment respectable, qui sait tout, excepté l’art de faire respecter la femme qui porte son nom ; mais cette femme sait heureusement ce qu’elle doit à ses enfants, et, pour se faire respecter elle-même, elle n’a qu’un refuge, la retraite et la solitude. Elle y retournera donc, et, puisque vous savez pourquoi elle y rentre, sachez aussi pourquoi elle en était sortie un instant. Il faut que la solitude qu’on lui a choisie soit au moins à elle, et que personne n’ait le droit de l’y troubler. Eh bien, je ne me plains pas ; mais, cette fois, je réclame. Mademoiselle Juste de